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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

s’ils ont le fini des détails, ils n’ont pas la grâce des types.

Que vous dirai-je de moi ? Rien d’intéressant. J’ai flâné d’une manière insensée, regardant la première page d’un roman commencé et me laissant distraire par mille autres rêveries. Ça ne fait rien, le temps où l’on s’amuse, psychiquement parlant, n’est pas tout à fait perdu. On vous attend pour retrouver un peu de sens commun littéraire. Je crois que c’est le Drac qui est venu tout de bon se glisser dans nos jeux pour nous empêcher de faire rien qui vaille. Vous me disiez que, de votre côté, ça n’allait pas, le Villemer. À l’heure qu’il est, je suis sûre que ça va très bien ou que ça a rété très bien, et puis mal et puis mieux. Il n’y a rien de plus changeant que le temps qu’il fait dans nos cervelles d’auteur ; mais, pour ceux qui ont du vrai soleil derrière leurs nuages, ça n’est jamais inquiétant.

Pourvu que vous reveniez bientôt, on est content et on se console de tous les départs. Mais ne nous dites pas que vous ne pensez plus à nous et que vous ne nous aimez pas comme nous vous aimons. On vous embrasse en masse, et on envoie de bons souvenirs autour de vous.

G. SAND.