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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

de lauriers, romarins, lavandes, etc., etc. Il ne faut pourtant pas oublier la vigne et le blé parmi nos compatriotes ; on boit ici, à bon marché, du vin excellent. Le pain est bon ; il y a peu de poisson, mais le mouton et le bœuf sont passables. C’est le fond de la nourriture avec les coquillages, très variés, mais généralement détestables pour ceux qui n’aiment pas le goût de varech.

La maison que nous habitons est petite mais très propre, et nous y sommes seuls dans un désert apparent. Personne n’y vient et personne n’y passe ; mais, tout près de nous, il y a un petit port de mer appelé la Seyne, qui est grand comme la Châtre et où notre factotum va s’approvisionner tous les matins. De plus, il va à Toulon tous les jours par un petit vapeur, moyennant trois sous.

En outre du factotum mâle, nous avons une cuisinière naine, qui est une excellente fille, et un âne nain, baudet d’Afrique appelé Bou-Maza, qui ne mange jamais que des fagots d’olivier sec et qui est devenu fou aujourd’hui pour avoir avalé une poignée de foin.

La maison coûte cinq cents francs pour trois mois, la cuisinière vingt-cinq francs par mois, le baudet rien. Il est au propriétaire, un charmant avoué qui met tout par écuelles pour nous recevoir. Nous avons chacun une petite chambre et, en commun, un salon, une salle à manger, un cabinet pour mettre nos herbiers, nos cailloux et nos bêtes. Le rez-de-chaussée, tu