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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

sommes impatients tous d’avoir de tes nouvelles.

G. SAND.


CCCLXXIX

À M. CHARLES PONCY, À TOULON


Nohant, 11 août 1854.


Mon cher enfant, je vous remercie de m’écrire, et je vous écris aussi, bien que ce ne soit qu’un mot, pour que vous ne soyez pas inquiet de nous : Nous avons aussi le voisinage du choléra. Il sévit assez sérieusement à Châteauroux. Peut-être ne viendra-t-il pas jusqu’ici. Il ne faudrait pourtant pas trop s’y fier ; mais je n’en suis pas frappée et effrayée comme vous l’êtes, et permettez-moi de vous dire qu’il faut combattre un peu cette préoccupation qui pourrait être nuisible, si vous étiez atteint même d’un léger mal. Tant d’autres dangers roulent incessamment sur nos têtes, qu’un de plus ne devrait pas assumer sur lui nos angoisses. Je suis bien d’avis qu’il faut s’y soustraire autant que possible et reculer devant le péril qui se particularise, à cause surtout de ceux que nous aimons. Mais, quand on a fait ce qu’on peut et ce qu’on doit, il faut attendre la destinée avec calme. Quand le tonnerre gronde, on fait bien de ne pas se mettre sous les grands arbres. Mais, une fois en plein champ,