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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

que pas flétrie, et, au bout du compte, ton emballage à la Robinson dans son île était très bien fait.

La salamandre est très vivante. On voudrait en faire un bracelet, tant elle est belle ! par exemple, nous ne savons pas trop quoi lui donner à manger. L’orthoptère dégingandée était d’une telle pétulance (elle s’était ennuyée en voyage), que nous n’en savions que faire. Enfin, on l’a installée dans un bocal avec de la mousse, de l’herbe et des mouches, et elle a déjeuné d’un grand appétit en leur suçant le derrière jusqu’à la ceinture ; après quoi, elle s’est curé les dents avec beaucoup de soin, a nettoyé ses mains et s’est endormie à la renverse, sur un écart impossible : les mains repliées sur le ventre ou sur le brin de chaume qui lui en tient lieu, retroussant sa queue de poule d’une façon triomphante. C’est bien la plus étrange créature qu’on puisse voir, et je n’ai fait que regarder ses poses et sa chasse aux mouches.

J’ai ensuite examiné les cailloux, qui ne manquent pas d’intérêt. Les huîtres fossiles sont d’un bon numéro. Elles ne s’étaugeaient[1] pas la coquille dans ce temps-là. Les pierres à bâtir sont des travertins. J’ai passé deux heures à étiqueter avec soin et, demain, je rangerai dans une case particulière.

J’attends avec impatience la nouvelle de ton arrivée à Paris.

Ludre ne m’a envoyé aucun renseignement ; donc,

  1. Elles ne s’en privaient pas.