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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Tout pouvait arriver gâté, et nous étions volés tout de même. Aviez-vous mis à la grande vitesse ? — Et puis, une autre fois, je ne crois pas qu’il faille payer d’avance le port. On se moque d’un paquet payé ; c’est le dernier dont on s’occupe.

Mais oublions le chapitre des désagréments. Nous avons mangé, ce matin, une partie des coquillages ; — exquis ! les moules moins fraîches que les praires ; mais tout le reste aussi frais que sortant de la mer et remuant sous le couteau de l’ouvreuse. Cette amertume dont vous parlez est peu sensible. Je crois que le temps écoulé hors de l’eau bonifie beaucoup ce comestible. Avis aux Toulonnais !

Les patates et les ignames sont, comme de juste, en état prospère ; les grenades et les citrons aussi ; les oranges, un peu foulées ; les raisins, un peu salés par le voisinage des coquilles, mais on les met à l’air et ils seront bons ce soir. Donc, compliments sans fin à l’emballeur, et remerciements surtout ; car vous vous êtes donné un mal affreux pour tout cela, et, si j’avais pu prévoir que Toulon fût dans un bouleversement pour les vivres, je n’aurais pas voulu vous faire tant courir pour le plaisir de gorge. En berrichon, on dit gueule ; ce qui est moins élégant.

Dites-moi ce que je vous dois pour toutes les choses que vous avez achetées. Je ne veux pas que vous attendiez ; car les truffes surtout, c’est quelque chose. On est en train de chercher la plus belle volaille de la cour pour la tuer. Pauvre bête ! elle ne se doute pas