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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

de ce côté, et Maurice semble ne vouloir jamais la commencer. Et puis, d’ailleurs, aimerais-je les nouveaux comme j’aimais celle[1] qui est allée si loin, si loin, que je ne la rejoindrai pas dans ce monde ?

Mais parlons de vous et de cette Belgique où vous voilà, je le vois, décidé tout à fait à aller. Angèle m’apprend que c’est arrangé. Donc, adieu mes projets d’Italie ; car je ne crois pas qu’on me permette d’aller vous voir là-bas. Et puis ce milieu qui est enragé de pouvoir et qui n’est pas socialiste du tout, ne me va guère. Enfin, vous le voulez ! Vous avez sans doute de fortes raisons tout à fait en dehors de la politique, et je m’imagine les deviner, et, si je devine bien, hélas ! vous n’avez peut-être pas tort. Ce qui me console, c’est que, si l’hiver endommage les enfants, vous retournerez vite à Aix, où je m’imaginais que vous seriez bien tout à fait. Ne vous fermez point cette porte au moins, je vous en supplie ! ne quittez pas M. de Cavour sans remerciements et sans lui dire que des affaires personnelles vous appellent ailleurs, mais que vous reviendrez probablement réclamer son bon vouloir. Cela ne coûte rien et n’engage à rien.

Bonsoir, mon cher enfant ; j’espère avoir de vos nouvelles avant que vous quittiez Turin, et je me hâte de fermer ma lettre pour qu’elle ne tourne pas à l’in-octavo, et qu’elle vous parvienne avant votre départ.

À vous bien tendrement.

  1. Jeanne Clésinger, sa petite-fille.