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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Remerciez pour moi le comte Alfieri des sympathies qu’il vous témoigne, et madame Cornaro de celles qu’elle veut bien avoir pour moi.


CDXXXII

AU MÊME


Gargilesse, 30 mai 1858.


Mon cher enfant, vous êtes bien aimable de m’écrire de bonnes longues lettres, et, moi, je n’osais pas vous écrire, vous voyant écrasé de correspondances ; mais sachez bien, une fois pour toutes, que vous n’avez à me répondre que quand vous avez le temps, quand c’est un plaisir et non une fatigue.

C’était de très bonne foi, et nullement pour vous dorer la pilule que je vous enviais votre lieu d’exil. Dans mes souvenirs, ce pays est resté un beau rêve, et puis je vois que je suis l’opposé de vous, en fait de goûts pour la nature. J’ai la passion des grandes montagnes, et je subis, depuis que je suis au monde, les plaines calcaires et la petite végétation de chez nous avec une amitié réelle, mais très mélancolique. Mon foie gémit dans cet air mou que nous respirons, et j’y deviens le bœuf apathique qui travaille sans savoir pour qui et pour quoi. Quand je peux sortir de là, ce qui est maintenant bien rare, quand je peux voir des sommets