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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

trahisons dont on les accuse, c’est là leur consolation.

Et, toute la journée, tous les jours, j’ai parlé de vous avec mon fidèle tête-à-tête. Nous nous disions combien sont imprévues les éventualités de ce monde, et, tout souffrant, tout comprimé, tout peiné que vous êtes, nous ne vous désirions pas la funeste tâche d’avoir à gouverner un jour une société quelconque, en quelque lieu du monde que ce fût.

C’est un accès de misanthropie bien naturel que de désespérer d’une époque où on trouve tant de délateurs, de calomniateurs et de persécuteurs. On se met à chercher sur la terre un coin où on ait la liberté d’être honnête homme, et on est tenté d’aller, comme Alceste, le chercher au milieu des bois.

Enfin, prenez courage, vous qui êtes jeune, et qui verrez peut-être une meilleure génération grandir sous vos yeux. Si quelque chose doit vous réconforter, c’est que vous serez compris et aimé de tout ce qui vaut encore quelque chose.

Bien à vous de cœur et d’affection.
GEORGE SAND.