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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

majorité (et même l’opposition) éprouve un extrême dégoût pour l’assassinat. Enfin le monde suit toujours les mêmes chemins, et les mêmes fautes se recommencent dans tous les partis. Espérons que les mœurs s’adouciront ; je ne fais point de vœux pour la nuance Orsini et Compagnie. Quand on pense que l’on pouvait avoir là un de ses enfants écharpé par la mitraille, on ne plaint pas ceux dont le procès va s’instruire. Je voudrais bien savoir ce que diraient certaines mères de famille trop spartiates de notre connaissance, si elles recevaient une aussi cruelle leçon.

D’ailleurs, toute conscience humaine se révolte contre le meurtre qui sort de dessous terre. Batailles dans les rues, guerres civiles, émeutes et coups d’État, c’est de la lutte de part et d’autre, et, comme dit la chanson berrichonne :

Y va voir qui veut,
En revient qui peut.

Mais ces foudres qui rampent et qui sont de véritables guets-apens au coin d’un bois, Dieu merci, la France ne les aime pas.

Bonsoir, mon cher vieux. Embrasse pour moi toute la chère famille, et dis-leur à tous combien je les aime. Je n’ai pas encore lu le Fils naturel de « mon fils » ; car c’est ainsi que j’appelle et que s’intitule avec moi l’auteur. C’est une belle, riche et généreuse nature, un excellent enfant et un vrai talent. Sa pièce