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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CDXXIII

À M. CHARLES DUVERNET, À NEVERS


Nohant, 16 janvier 1858.


Cher ami,

J’allais t’écrire quand j’ai reçu ta lettre. Moi aussi, je m’inquiétais d’être si longtemps sans nouvelles de toi et de vous tous. Je vois que, Dieu merci, tu prends patience avec une infirmité que je crois toujours passagère, et qui cédera à la prolongation d’un bon régime et d’une bonne santé. Tu reconnais que, depuis longtemps, tu négligeais l’état général, et il faut bien qu’il se consolide un peu, avant que l’effet partiel se produise.

Tu auras gagné à cette cruelle épreuve de reconnaître le dévouement des tiens et ton propre courage, plus que tu n’avais encore eu l’occasion de le faire. Ce n’est pas une banalité creuse que le proverbe « À quelque chose malheur est bon. » Il est fait pour les cœurs d’élite qui le comprennent, et le tien est de ceux-là. J’ai vu comme Eugénie et tes enfants s’efforçaient délicatement d’en faire une vérité pour toi. Si un temps d’ennui et de privations vaillamment supporté par toi, et tendrement adouci par ta famille, doit servir à resserrer encore des liens si doux, je