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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCCLXXIII

AU MÊME


Nohant, 19 février 1854.


Mon cher enfant,

Tu t’amuses, tu bourines[1] dans le domaine des arts : c’est bien, c’est le meilleur genre de plaisir et celui qui laisse quelque chose. Pourtant n’y absorbe pas tout ton temps. Donne quelques heures de ta journée à la peinture, que tu me parais bien négliger, puisque tu ne m’en parles pas. Aie des amis et rassemble-les autour de toi pour la récréation de l’esprit ; mais ne leur laisse pas prendre toutes les heures du jour, car il ne t’en resterait plus pour piocher avec un peu de réflexion pour ton compte.

La guerre va paralyser pendant quelque temps notre édition. Elle se vend très peu et celle de Hugo pas du tout. Hetzel s’en inquiète. Moi, je crois que, ou l’on ne fera pas la guerre, ou bien, dès qu’elle sera en train, les affaires reprendront leur cours inévitable, comme il arrive toujours après une panique bourgeoise. Ne néglige donc pas tes dessins. Voilà encore une dernière livraison, qui est bien rendue et dont

  1. Bouriner, perdre son temps en ayant l’air de s’occuper.