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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Ou bien encore, le roman peut s’appeler, si vous croyez le titre plus alléchant : le Château des Étoiles. C’est un Stelleborg de fantaisie qu’un personnage s’est bâti en Dalécarlie, à l’imitation de celui d’Uraniemborg dans l’île de Haven. Dans ce château, il se passe des choses bizarres. Espérons qu’elles seront amusantes ; je crois, toute réflexion faite, que ce titre plaira mieux : Décidez. N’annoncez pas une peinture de la Suède ni du XVIIIe siècle ; car le cadre réel sera moins étudié que celui de Bois-Doré. J’y ferai de mon mieux ; mais c’est surtout un roman romanesque que je fais cette fois.

Vous me dites qu’Alexandre m’aime beaucoup : il a raison. Moi, je l’aime comme si je l’avais mis dans ce monde. J’adore les natures droites, tranquilles, sereines et fortes qui ont l’intellect en harmonie parfaite avec leur organisation. C’est très rare ; c’est même un nouveau type dans l’humanité littéraire, qui, jusqu’à ce jour, n’a pu être ainsi par la faute probablement du milieu social. L’artiste jaloux, c’est-à-dire méchant et infortuné, est presque synonyme d’artiste. Dumas le père est essentiellement bon, mais trop souvent ivre de puissance. Son fils a de plus que lui le bon sens, chose encore bien rare en ce siècle de grandes orgies d’intelligence. Il ira loin, loin dans cette seconde moitié de siècle dont je ne verrai pas le bout, mais qui, j’en suis sûre, vaudra plus que la première.

Soyez donc calmé, cher ami ; je n’ai pas d’effluve