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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

pliment ni prévention d’amitié, j’en ai été ravie. J’avais peur d’entamer le gros volume et de le laisser en chemin. Aussi je n’ai pas voulu seulement l’ouvrir avant d’être sûre que je n’aurais plus une comédie de trois actes à faire toutes les semaines pour le théâtre de Nohant. Je suis tranquille à présent et je vous suis à travers les banquises ; c’est fait de main de maître, je vous assure. C’est prompt, c’est gai, c’est effrayant, et c’est d’un charmant français comme style et comme couleur. Le petit nid de soie et de velours où l’on va fumer et écouter du Schubert, entre chaque rencontre de la glace flottante qui peut vous broyer, est un détail bien senti, émouvant comme un récit de Cooper et plus artiste. Je vas vous suivre en Suède, où, précisément, j’ai posé mon nouveau roman. J’ai feuilleté un peu, avant de lire bien, cette partie du livre. Je vois que vous n’avez pas été en Dalécarlie, où j’ai planté ma tente en imagination. Dites-moi si vous avez, en français, en italien ou en anglais (je ne sais pas d’autre langue), un ouvrage sur cette partie de la Suède, et un peu de détails sur son histoire au XVIIIe siècle, sous Frédéric-Adolphe, le mari d’Ulrique de Prusse. Vous me feriez bien plaisir de me le prêter. Ou indiquez-moi quelque chose que je puisse lire sur ce pays et cette époque ; — ou enfin faites-moi un petit précis de quelques pages, si vous avez cela dans la mémoire.

Je ne sais pas pourquoi vous avez des moments de découragement ; vous avez réellement un très solide et