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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

sonne le droit de m’en demander compte et aucune loi n’autorise à chercher au fond de ma conscience si j’ai telle ou telle opinion. Or un écrit que l’on compte soumettre à un contrôle avant de le publier, et que dans cette prévision, on ne se donne le soin ni de peser, ni de relire, est un fait inaccompli, ce n’est rien de plus qu’une pensée qui n’est pas encore sortie de la conscience intime.

Mais peu importe ce qui me concerne. Je devais seulement à la vérité et à l’amitié de te raconter ce qui entoure ce fait, c’est-à-dire la part qu’on accuse certaines personnes d’y avoir prise.

Si le XVIe Bulletin a été un brandon de discorde entre républicains, ce que j’étais loin d’imaginer durant les cinq à dix minutes que je passai à l’écrire, il ne fut pas écrit du moins en prévision ou en espérance de l’événement du 15 mai, que je n’approuve en aucune façon. Je crois que tu me connais assez pour savoir que, si je l’avais approuvé avant et pendant, ce ne serait pas l’insuccès qui me le ferait désavouer après.

À toi de cœur, mon ami.

GEORGE SAND.