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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

selon moi. Il faut faire face à ces petits orages, éclaboussures inévitables du malheur général.

Bonsoir, amie. Quels jours de larmes et d’indignation ! J’ai honte aujourd’hui d’être française, moi qui naguère en étais si heureuse ! Quoi qu’il arrive, je vous aime.

GEORGE.


CCLXXXIV

À M. GIRERD, REPRÉSENTANT DU PEUPLE
À L’ASSEMBLÉE NATIONALE, À PARIS


Nohant, 6 août 1848.


Mon ami,

Je suis en effet l’auteur du XVIe Bulletin, et j’en accepte toute la responsabilité morale. Mon opinion est et sera toujours que, si l’Assemblée nationale voulait détruire la République, la République aurait le droit de se défendre, même contre l’Assemblée nationale.

Quant à la responsabilité politique du XVIe Bulletin, le hasard a voulu qu’elle n’appartînt à personne. J’aurais pu la rejeter sur M. Ledru-Rollin, de même qu’on aurait fort bien pu ne pas rejeter sur moi la responsabilité morale. Mais, dans un moment où le temps manquait à tout le monde, j’aurais cru, moi,