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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

l’objet. Le principe est violé, et c’est la bourgeoisie qui relèvera l’échafaud.

Je suis bien triste, mon garçon. Si cela continue et qu’il n’y ait plus rien à faire dans un certain sens, je retournerai à Nohant écrire et me consoler près de toi. Je veux voir arriver l’Assemblée nationale ; après, je crois bien que je n’aurai plus rien à faire ici.


CCLXXV

AU MÊME


Paris, 19 avril 1848.


J’espère que tu dors sur les deux oreilles, et que, si les bruits qui circulent jour et nuit dans Paris vont jusqu’en province, où ils doivent prendre des proportions effrayantes, tu n’en crois pas un mot. Nous recommençons l’année de la peur. C’est fabuleux ! Hier dans la nuit, chaque quartier de Paris prétendait qu’on avait attaqué et pris deux postes. Cela faisait beaucoup de postes enlevés, et il n’y avait pas seulement un chat qui eût remué.

Ce matin, on a battu le rappel dès l’aurore. Puis on est venu contremander, en disant cependant aux gardes nationaux de rester équipés et prêts à sortir. À toutes les heures circulait une nouvelle nouvelle. Blanqui était arrêté, et puis Cabet attaquait l’hôtel de