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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

toute une première couche de sépultures et d’ossements, nous allons nous amuser à faire creuser plus bas pour voir si, là aussi, nous trouverons le lit romain. Alors, en y ayant l’œil et la main, nous trouverons peut-être des monnaies et des lacrymatoires.

Pendant que nous fouillons les tombes et qu’Émile, penché sur la fosse béante, se donne des airs de vampire, tu cours le bal et la mascarade. Amuse-toi bien, mais pas trop et n’échine ni ta santé ni ton travail. J’ai repris le mien aujourd’hui, après deux jours de souffrances atroces. M’en voilà encore une fois revenue, et j’arrive à la fin de mes deux gros volumes de berrichon. Nini va bien ; dis-le à Solange, à qui, du reste, j’écrirai demain. J’ai, ce soir, la tête encore un peu en marmelade. Patureau est de retour au pays. Périgois est gracié. Il fait assez froid mais très beau. Ton atelier est si magnifique, qu’il n’y aura ni châtelain du royaume de Léon, ni reine des Asturies, mieux logés que toi.

Bonsoir, mon petit. Écris-nous si tu as fait de l’épate avec ton costume. Tu ne seras pas si bien coiffé que si j’étais là. Je t’embrasse mille fois. Tâche de ne pas t’enrhumer.

Le jardinier a peur des sarcophages de pierre que j’ai fait mettre dans le jardin. Il n’ose plus sortir le soir !