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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ainsi la France, eux, hommes honorables et incapables de la pensée d’une mauvaise action ? Cet affreux système qui assimile la présomption de l’opinion politique aux crimes les plus abjects, ne voulez-vous pas qu’il cesse, et qu’on cesse de croire que vous l’avez autorisé, que vous l’avez connu ?

Prince, faites voir que vous avez le sens délicat de l’honneur français. N’exigez pas que vos ennemis — si toutefois ces vaincus sont vos ennemis — deviennent indignes d’avoir été combattus par vous. Rendez-les à leurs familles sans exiger qu’ils se repentent ; de quoi ? d’avoir été républicains ? Voilà tout leur crime. Faites qu’ils vous estiment et vous aiment. C’est un gage bien plus certain pour vous que les serments arrachés par la peur.

Croyez-en le seul esprit socialiste qui vous soit resté personnellement attaché, malgré tous ces coups frappés sur son Église. C’est moi, le seul à qui l’on n’ait pas songé à faire peur, et qui, n’ayant trouvé en vous que douceur et sensibilité, n’a aucune répugnance à vous demander à genoux la grâce de mes amis.