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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Si cela est humiliant pour quelqu’un, c’est donc pour moi seule, et j’accepte l’humiliation sans faux orgueil, voire avec un sentiment de gratitude sincère, sans lequel il me semble que je serais déloyale. J’ai donc écrit plusieurs noms, et je compte sur l’effet des promesses ; mais mon but eût été d’obtenir pleine amnistie pour tous les détenus et prévenus du département de l’Indre[1] ; c’est d’autant plus facile qu’il n’y a eu aucun fait d’insurrection, que toutes les arrestations sont préventives et qu’aucune condamnation n’a encore été prononcée. Il ne s’agit donc que d’ouvrir les prisons, conformément à la circulaire ministérielle, à tous ceux qui sont peu compromis, et que de faire rendre un arrêt de non-lieu, ou suspendre toute poursuite contre ceux qui sont un peu plus soupçonnés. Un mot du ministre au préfet en déciderait.

Les tribunaux, s’ils sont saisis de ces affaires, ce que j’ignore, sont d’aveugles esclaves.

M. de Persigny ne pouvait guère me promettre cela à moi ; mais vous pourriez le demander avec insistance, et vous l’obtiendriez certainement.

Je n’ai pas besoin de vous dire que mon cœur en sera pénétré de reconnaissance et d’affection. C’est le vôtre qui plaidera en vous-même beaucoup mieux que moi.

Vous avez dit chez moi que vous partiez pour la campagne ; j’espère que ma lettre vous y parviendra

  1. Victimes du coup d’État du 2 décembre 1851.