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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

payant du Théâtre-Français, ne m’a pas tenu compte de mon dévouement. Le peuple est encore ingrat ou ignorant. Il aime mieux les meurtres, les empoisonnements, que la littérature de style et du cœur. Enfin, c’est encore le peuple du boulevard du crime, et on aura de la peine à l’améliorer comme goût et comme morale. La pièce, délaissée par ce public-là, n’a eu que douze représentations, peu suivies par lui, et soutenues seulement par les lettrés et les bourgeois. C’est triste à dire. Il ne faut même pas le dire, et surtout il ne faut pas se décourager. La perte d’argent n’est qu’un désagrément ; la perte de travail moral, le dévouement inutile sont des chagrins dont il ne faut pas se trop préoccuper ; et il n’y a qu’un mot qui serve : En avant ! en avant ! — Bonsoir, chers enfants, Désirée, Solange ; je vous embrasse de toute mon âme.


CCCXXXIII

À M. ERNEST PÉRIGOIS, À LA CHÂTRE[1]


Paris, 25 octobre 1851.


Mon cher ami, je suis très touchée de vos éloges, car ils sont très affectueux, et très flattée de vos vers,

  1. En réponse à des vers qu’il lui avait adressés, après une représentation, à Nohant, de Nello, joué plus tard à l’Odéon, sous le titre de Maître Favilla.