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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

drière de Lyon et huit canons. Il s’en est tiré par son éloquence et son courage ; il en a dans l’occasion.

Nous l’aurons, va, la République, en dépit de tout. Le peuple est debout et diablement beau ici. Tous les jours et sur tous les points, on plante des arbres de la liberté. J’en ai rencontré trois hier en diverses rues, des pins immenses portés sur les épaules de cinquante ouvriers. En tête, le tambour, le drapeau, et des bandes de ces beaux travailleurs de terre, forts, graves, couronnés de feuillage, la bêche, la pioche ou la cognée sur l’épaule ; c’est magnifique, c’est plus beau que tous les Robert du monde !


CCLXXII

À M. DE LAMARTINE, À PARIS


Paris, avril 1848.


Monsieur,

Je vous comprends bien. Vous ne songez qu’à éviter une révolution, l’effusion du sang, les violences, un avènement trop prompt de la démocratie aveugle et encore barbare sous bien des rapports. Je crois que vous vous exagérez, d’une part, l’état d’enfance de cette démocratie, et que, de l’autre, vous doutez des rapides et divins progrès que ses convulsions lui feraient faire. Pourquoi en doutez-vous, vous qui lisez dans le sein