Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/142

Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

lui conseille, et je serai plus tranquille de vous voir tous ici.

Je t’embrasse, mon enfant, et te prie de penser à moi.


CCXCVII

À M. THÉOPHILE THORÉ, À PARIS


Nohant, 26 mai 1849.


Cher ami,

Il y a longtemps que je vous dois, que je me dois de vous écrire. J’espérais avoir le temps de vous voir à Paris, où j’ai été au commencement du mois passer trois jours pour affaires. Je ne l’ai pas eu, le temps. Et puis j’espérais vous complimenter sur votre élection et me réjouir avec vous, mais vous avez échoué, quoique avec une grande masse de voix. Enfin, j’ai été malade en revenant ici, toujours malade depuis deux ans, non pas de manière à inquiéter ceux qui tiennent à ma vie, mais de manière à perdre mon temps et à m’ennuyer mélancoliquement sous le poids d’un accablement physique extraordinaire. Je suis dans une phase d’impuissance matérielle. Je ne me sens ni découragée ni ennuyée de rien quand la vie me revient. Mais la vie s’en va par moments, par jours, par semaines entières, et alors je m’ennuie de ne pas pou-