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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ne savons rien de ce mystère. Pourquoi pleurer, et comment ne pas pleurer ? Toutes ces émotions instinctives, qui ont leur cause hors de notre raison et de notre volonté, veulent dire quelque chose certainement ; mais quoi ?

Maurice se plaît beaucoup ici. Nous montons à cheval tous les jours et nous allons faire des collections de fleurs et de papillons dans les déserts de la forêt. C’est vraiment un pays adorable, une petite Suisse dont les Parisiens ne se doutent pas, et qui a le grand avantage de n’attirer personne. Je suis ici tout à fait inconnue, sous un faux nom et travaillant à force.

Adieu, chère ; prions pour que les chemins de fer prospèrent et que nous puissions aller faire une invasion à l’isola Madre, moyennant huit jours de loisir et peu d’argent. Le temps et l’argent ! Le temps à cause de l’argent, l’argent à cause du temps. Quelles entraves ! Et le temps d’être heureux ? Et le moyen de l’être ? Où cela se pêche-t-il ? Dans le lac Majeur ?

Écrivez-moi, mon amie ; parlez-moi de vous et aimez-moi comme je vous aime.