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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

supposez. Quant au petit article, j’en ai parlé à Liszt et il m’a priée de ne pas fermer ma lettre sans qu’il y insérât un mot de réponse.

À mon tour, je vous adresse une demande. Veuillez jeter les yeux sur les belles gravures coloriées des costumes de Mercuri, et me dire quel était à Venise le costume des artistes du temps de Titien et de Tintoret ? Presque tous les portraits que j’ai vus de cette époque sont tout en noir. Vous avez un costume dei compagni della calza, et, je crois, celui d’une autre compagnie, que vous seriez bien gentil de me décrire sans vous donner d’autre peine que celle de dire : maniche rosse, bianche, etc., calze gialle, lunghe, etc.

Le texte joint aux numéros de costumes de ces compagnies me serait aussi fort utile. Vous pourriez me le faire copier par Benjamin ; car je ne voudrais pas vous faire perdre votre temps à de pareilles puérilités, comme dit Arnal.

Je fais sur cette époque un petit conte, les Maîtres mosaïstes, qui vous plaira, j’espère, non pas qu’il vaille mieux que le reste, mais parce qu’il est dans nos idées et dans nos goûts, à nous artistes.

Non, cher ami, personne aujourd’hui ne méprise les artistes. Tout le monde les envie au contraire, et l’artiste ne doit jamais croire qu’on ait seulement la pensée d’une pareille extravagance. Il est vrai que bien des artistes soutiennent mal la dignité de leur rang ; mais il en est qui réhabilitent la profession, et, aux yeux de tous, comme aux miens, vous êtes des premiers