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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CLXX

À MADAME D’AGOULT, À PARIS


Nohant, 21 avril 1837.


Chère mignonne,

Vous me pardonneriez l’effroyable retard que j’ai mis à vous écrire, si vous saviez ma vie depuis huit jours. Je me suis embarquée à fournir du Mauprat à Buloz au jour le jour, croyant que je finirais où je voudrais et que je ferais cela par-dessous la jambe. Mais le sujet m’a emporté loin, et cette besogne m’a ennuyée, comme tout ce qui traîne en longueur. De sorte qu’au dernier moment de chaque quinzaine, depuis un mois et demi, me voilà suant sur une besogne qui m’embête, que je fais en rechignant. Je n’ai pas même le temps de dormir et je suis sur les dents.

Ne voilà-t-il pas que, pour m’achever, Solange se mêle d’avoir la variole ! une variole aussi bénigne que possible, mais constituant une éruption effrayante et une véritable maladie. J’ai été d’abord très épouvantée. La vaccine ne me rassurait pas ; car il y a des exemples de mort, malgré la vaccine. Enfin je suis en paix à présent ; mais ma pauvre fille est toujours au lit avec de gros vilains boutons sur le nez, qui, heureusement, ne laisseront pas de traces, à ce que me promet le médecin. Elle a été bonne et douce comme un ange