Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

pour penser à Marcie, il faut produire et non chercher.

Après tout, je ne suis peut-être pas capable de réfléchir davantage à quoi que ce soit, et toutes les fois (je devrais dire plutôt le peu de fois) qu’une bonne idée m’est venue, elle m’est tombée des nues au moment où je m’y attendais le moins. Que faire donc ? Me livrerai-je à mon impulsion ? ou bien vous prierai-je de jeter les yeux sur les mauvaises pages que j’envoie au journal ? Ce dernier moyen a bien des inconvénients ; jamais une œuvre corrigée n’a d’unité. Elle perd son ensemble, sa logique générale. Souvent, en réparant un coin de mur, on fait tomber toute une maison qui serait sur pied si l’on n’y eût pas touché.

Je crois qu’il faudrait, pour obvier à tous ces inconvénients, convenir de deux choses : c’est que je vous confesserai ici les principales hardiesses qui me passent par l’esprit et que vous m’autoriserez à écrire dans ma liberté, sans trop vous soucier que je fasse quelque sottise de détail. Je ne sais pas bien jusqu’à quel point les gens du monde vous en rendraient responsable et je crois, d’ailleurs, que vous vous souciez fort peu des gens du monde. Mais j’ai pour vous tant d’affection profonde, je me sens recommandée par une telle confiance, que, lors même que je serais certaine de n’avoir pas tort, je me soumettrais encore pour mériter de vous une poignée de main.

Pour vous dire en un mot toutes mes hardiesses, elles tiendraient à réclamer le divorce dans le ma-