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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

comprise plus vite que partout ailleurs et où elle le sera, n’en doutez pas, par nos enfants.

Si peu que vous eussiez fait, on eût pu dire qu’il existait une société conservatrice du grand principe d’égalité. Principe banni, chassé, honni et persécuté par toute la terre, mais réfugié dans le cœur d’un petit nombre d’hommes de bien. Un jour, vous eussiez été des dieux peut-être !

Vous avez été forcé de chercher à l’étranger des moyens d’existence. Il vaudrait mieux se brûler la cervelle que de les tenir d’un gouvernement infâme, d’un homme qui est le principe incarné d’oppression et de démoralisation. S’expatrier est déjà une faiblesse. Vous avez cédé à la persécution. Vous avez rougi, non de votre misère, qui vous rendait véritablement grand, mais de votre impuissance sur l’opinion, qui accusait le manque de talent dans la direction suprême de votre secte.

Vous avez eu tort. Si faible que fût la rédaction de votre morale, comme cette morale était la seule, la vraie, elle eût fini par attirer sur vous la considération que vous méritez. Et, si la grande affaire ne se fût pas opérée un jour au nom de Saint-Simon et d’Enfantin, du moins Enfantin et Saint-Simon eussent eu une grande place dans l’histoire de la morale, à côté de celle que Lafayette occupe dans l’histoire politique.

Mais tout cela est fichu. Vous êtes tombés dans un système de transaction mystérieuse auquel on ne