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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

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CLXII

À M. ADOLPHE GUÉROULT, À PARIS


Nohant, 14 février 1837.


Mon cher camarade,

Il faut absolument que vous me trouviez l’adresse de ma suivante. Je vous envoie une seconde lettre pour elle, je suis extrêmement pressée d’en avoir la réponse. Pardon, mille fois, de la corvée. Donnez-moi à tous les diables ; mais faites un dernier effort de courage pour obliger le plus oublieux de vos amis.

Pour du talent, vous n’en manquez pas ; votre article en est rempli. Mais ce n’est pas le compliment que vous attendez de moi : vous voulez que je rende justice à vos opinions. En leur rendant justice, je ne vous dirai que des injures.

Oui, mon ami, vous êtes une canaille, une franche canaille. Ah ! Bertrand, je ne vous reconnais pas là !

Que vous vouliez du bien aux Arabes, que vous soyez tenté de travailler à leur liberté, que vous accusiez le despotisme de l’Égyptien, soit : c’est prendre le bon côté des choses, en ce qui concerne l’Orient. Mais, malheureux (je parle ici aux saint-simoniens plus qu’à vous), vous abandonnez la cause de la justice et de la vérité en France, là où elle pouvait être