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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

l’artiste et l’expurgateur. De plus, nous aurons, je crois, rendu un grand service à la vérité et à l’art, en faisant passer, dans les mains des femmes honnêtes et des jeunes gens purs, un chef-d’œuvre qui, jusqu’à ce jour, leur a été interdit avec raison. J’attacherai mon nom en tiers à cette publication pour aider au succès de mes jeunes gens, et je ferai précéder l’ouvrage d’un travail préliminaire. Gardez-nous le secret, car c’en est un encore, jusqu’au jour des annonces, vu qu’on peut être devancé dans ces sortes de choses par des faiseurs habiles qui gâchent tout[1]. Voilà donc l’hiver de Maurice et de Borie bien occupé auprès de moi. Quant à ma chère Augustine, elle a donné dans le cœur d’un brave garçon qui est tout à fait digne d’elle et qui a de quoi vivre. Cela, joint à un peu d’aide de ma part, lui fera une existence indépendante, et, quant aux qualités essentielles de l’intelligence et du caractère, elle ne pouvait mieux rencontrer. Elle ne pourra se marier que dans trois mois. Alors, elle ira habiter le Limousin avec son mari et viendra passer les vacances avec moi. Nous nous regretterons donc l’une l’autre, les trois quarts de l’année ; mais, enfin, j’espère qu’elle aura du bonheur, et que je pourrai mourir tranquille sur son compte.

Moi, j’ai entrepris un ouvrage de longue haleine, intitulé Histoire de ma vie. C’est une série de souve-

  1. Ce travail, aux trois quarts fait, n’a pas été publié à cause de la révolution de février 1848.