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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

main ! Enfin, il y a encore, dans la vie, des récompenses attachées à l’accomplissement des devoirs, des compensations aux plus durs sacrifices, puisque votre amitié couronne ma vieillesse et me console du passé !

Venez donc en France, venez donc me voir chez moi dans ma vallée Noire, si bête et si bonne. J’y suis plus moi-même qu’à Paris, où je suis toujours malade au moral et au physique. Nous avons bien des choses à nous dire ; moi, j’en ai à vous demander. J’ai des conseils à recevoir que je n’ai osé demander à personne depuis bien longtemps, et des solutions que j’ai mises en réserve pour les chercher en vous. Vous disiez, cet hiver, que vous viendriez ; est-ce que vous ne le pouvez ou ne le voulez plus ?

Je vous aurais écrit plus tôt sans de graves événements domestiques, qui m’ont pris jusqu’aux heures du sommeil. Je viens de marier ma fille et de la bien marier, je crois, avec un artiste très puissant d’inspiration et de volonté. Je n’avais pour elle qu’une ambition, c’est qu’elle aimât et qu’elle fût aimée ; mon vœu est réalisé. L’avenir est dans la main de Dieu, mais j’espère la durée de cet amour et de cet hyménée.

Je vous respecte et vous aime.

Votre sœur,
GEORGE SAND.