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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

soupçon, et, s’il dépendait de moi, après vous avoir lu, j’aurais foi en vos promesses et j’ouvrirais la prison pour vous faire sortir, la main pour vous recevoir.

Mais, hélas ! ne vous faites pas d’illusions ! ils sont tous inquiets et sombres autour de moi, ceux qui rêvent des temps meilleurs. Vous ne les vaincrez que par la pensée, par la vertu, par le sentiment démocratique, par la doctrine de l’égalité. Vous avez de tristes loisirs, mais vous savez en tirer parti.

Parlez-nous donc encore de liberté, noble captif ! Le peuple est comme vous dans les fers. Le Napoléon d’aujourd’hui est celui qui personnifie la douleur du peuple comme l’autre personnifiait sa gloire.


CCXLVII

À M. ÉDOUARD DE POMPÉRY, À PARIS


Paris, janvier 1845.


Laissez-moi tranquille avec votre fouriérisme, mon bon monsieur de Pompéry ! J’aime mieux le pompérysme ; car, si Fourier a quelque chose de bon, c’est vous qui l’avez fait. Vous êtes tout cœur et tout droiture ; mais vous n’êtes qu’un poète quand vous prétendez marier Leroux et Fourier dans votre cœur. Que cela vous soit possible, apparemment oui,