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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

collaboration littéraire : par ma volonté, elle est assurée à la Réforme autant que les nécessités réelles et inévitables de ma vie me permettront de lui consacrer ses heures. Il y a aussi un appel plus intime à ma confiance et à mon zèle. Je répondrai franchement ; je vous estime trop pour n’être que polie ; j’ai assez de conviction pour risquer de voir rompre un lien dont mon cœur serait pourtant si heureux.

Je n’ai pas besoin de vous dire que votre probité politique et votre générosité personnelle à tous me sont aussi bien prouvées que ce que je sens dans ma propre conscience. Je n’ai pas besoin d’ajouter que je reconnais vos talents et que je voudrais les avoir pour mon propre compte et pour l’expression de mes croyances. Et, malgré tout cela, je ne suis pas certaine encore que ma collaboration, même purement littéraire, puisse vous convenir sans examen. Attendez donc encore un peu pour me la faire promettre ; car je ne suis que trop disposée à m’engager.

L’Éclaireur publie dans ce moment une série de pauvres réflexions qui me sont venues, il y a quelque temps, après avoir causé avec un homme politique, M. Garnier-Pagès[1], homme qui m’a paru excellent et que je n’ai pas quitté sans lui serrer la main de bon cœur, mais avec lequel je n’étais pas du tout d’accord. Je destinais ces réflexions à moisir avec bien d’autres dans le fond de mon tiroir. Mes amis de l’Éclaireur, à

  1. Articles sur la Politique et le Socialisme.