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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

cœur, en restant attachée, par amitié pour vos personnes, à la partie purement littéraire de la rédaction, vous m’écrivez de nouveau que, pour avoir mieux de moi, vous acceptez à regret et à contre-cœur, le rédacteur que je vous impose !

Au diable ! je ne sais plus ce que vous voulez de moi, et je vous supplie de n’en rien vouloir du tout, vous me rendrez service ; car, si le journal doit exister sans moi d’après vos principes, pourquoi me fait-il le sacrifice incroyable de se laisser imposer un rédacteur ?

Je crois, Dieu me damne, que vous faites de la diplomatie avec moi ? Moi, je ne saurais jamais et je ne voudrais jamais en faire avec vous. Je demande donc, avant de passer outre, l’explication de ce reproche amer, malgré le miel dont vous le couvrez.

Quel diable de journal allons-nous faire, si vous pensez d’une façon et que je pense d’une autre, si vous me suiviez à regret, en disant qu’il l’a bien fallu ?

Dans tout cela, je ne vous conçois pas, je vous trouve irrésolus, enfants, et injustes au dernier point. Vous n’avez eu ni le courage de m’accepter, ni celui de me repousser. J’aurais voulu franchement l’un ou l’autre, et mon amitié, aussi bien que mon estime pour vous, eût grandi dans un cas comme dans l’autre.

Ravisez-vous donc, s’il en est temps ; prenez le rédacteur que vous préférez, faites-vous imprimer, ou à Guéret, si vous vous entendez avec M. Legrand, ou à