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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ment. Le monde est triste, mais l’humanité n’est pas perdue.

Si Delatouche et moi faisons le journal ici, il y aura plus de succès et d’abonnés à Paris qu’en Berry. Le Berry sera peut-être le prétexte, le cadre et le moyen de faire une très jolie feuille d’opposition. Mais est-ce là le but ? S’agit-il d’avoir du succès pour Delatouche et moi, ou s’agit-il de moraliser et d’éclairer notre province ? J’aurais compris que nous commençassions le journal, lui et moi, en attendant un rédacteur, pour lancer le brûlot et peloter en attendant partie. Mais le fonder de la sorte irrévocablement me paraît une espèce d’apostasie. Je ferai à cet égard tout ce que vous voudrez ; mais je crois que vous serez de mon avis. Désespérer de trouver un rédacteur est un véritable enfantillage. On m’en propose trois ce soir. Mais j’espère que je tiens le bon, et, si je me trompe, je continuerai mes recherches et mes épreuves.

Ne découragez et n’effrayez donc personne. Ne dites pas non à Delatouche. Hésitez, prétextez la difficulté de réunir tout d’un coup la majorité des votes. Mais laissez-moi agir dans mon sens et dans celui de notre premier mouvement, qui était le meilleur. Je vous aurai des abonnements ici quand nous aurons pris forme et couleur par notre rédacteur et notre prospectus. Je travaille déjà à charpenter ce prospectus, j’en ferai faire un au rédacteur, un à Delatouche s’il le faut, et, des trois, nous en ferons un que vous verrez et approuverez s’il y a lieu.