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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

raison) elle dit qu’elle aimerait mieux retourner à la pension que de rester à la maison sans rien faire. Elle ne fait pourtant rien à proprement dire ici, si ce n’est de jouer du piano souvent ; mais elle lit un peu, elle dessine un peu, et elle rêve beaucoup. Ses idées s’ouvrent, elle a l’air de se tâter et d’apercevoir enfin quelque chose à travers le brouillard. Elle s’en va avec regret, mais elle est assez heureuse de te revoir pour s’en consoler.

Elle te porte un chéret et une cape neufs. Quand tu n’en auras plus besoin, tu en feras cadeau à quelque bergère. Elle est venue me voir hier avec ce costume ; elle était superbe, c’était Jeanne d’Arc enfant.

Bonsoir, mon mignon. J’espère qu’en voilà bien long cette fois. Jusqu’à mon départ, je ne t’écrirai plus que des petits billets, le temps me manquera. À jeudi.

Nous nous moquons de la Sologne, nous mettrons nos sabots et nous rirons des accidents. Je crois que nous devons être à Paris vers l’heure du dîner. Nous partons de Châteauroux à dix heures du soir.

Je t’embrasse mille et mille fois, et encore mille fois.