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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

d’hui quelques leçons aux petits, je suis persuadée qu’ils nous le rendront bien un jour.

Laissons la discussion et parlons de Fanchette, de la vraie Fanchette ; rien ne nous empêche, que je sache, d’ouvrir une petite souscription pour elle. Cela lui ferait du bien, et cela augmenterait le scandale, chose qui n’est pas mauvaise non plus. Mon idée était de faire vendre une partie des exemplaires de son histoire à bas prix, et à son profit ; on aurait distribué l’autre gratis à des artisans.

Vois, cependant, si l’une des bonnes œuvres ne paralyserait pas l’autre ; car nos bienfaiteurs de l’humanité n’aiment pas à donner deux fois. Confères-en avec le Gaulois.

Papet m’a ouvert largement sa bourse d’avance. À qui remettrait-on la gestion de la petite somme que nous pourrions faire ? Pour cela, il faudrait savoir en quelles mains on va mettre Fanchette. Si c’est aux sœurs de l’hôpital, ne sera-t-elle pas victime de leur ressentiment ? ne devrait-on pas l’en retirer ? Je pourrais bien la confier dans mon village à quelque femme honnête et pauvre qui trouverait son compte à la bien soigner.

En faire les frais n’est pas ce qui m’embarrasse ; mais il serait bon que ce ne fût pas, en apparence, un acte particulier de ma seule compassion, mais le concours de plusieurs, du plus grand nombre possible, d’indignations généreuses. Réponds, qu’en penses-tu ? et, si mon idée est bonne, comment faut-il la réaliser ?