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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

reposer. Embrassez pour moi Désirée et dites-lui qu’elle me rendra heureuse de donner à son enfant le nom de l’un des miens.

Répondez-moi et surtout n’affranchissez pas vos lettres ; vous me feriez de la peine. Laissez-moi affranchir les miennes quand j’y pense, et ne les montrez pas, si ce n’est à Désirée.


CCXXIV

À MADAME CLAIRE BRUNNE, À PARIS


Nohant, 18 mai 1843.


Je ne sais point mentir à qui me parle franchement, et je crois, madame, que, dans ce cas-là, la politesse est une raillerie ou une lâcheté. J’ai bien dit, il est vrai, que votre manière d’être ne m’était pas sympathique, à cause d’une grande tension de l’amour-propre que j’ai cru remarquer en vous, et qui est la maladie de presque tous les esprits supérieurs de notre époque.

Mes besoins de cœur me portent vers la simplicité et le naturel, plus que vers l’intelligence orgueilleuse. Je n’ai peut-être pas ces vertus que j’aime tant, et ce n’est pas pour vous faire croire que je les ai, que je vous dis mon estime pour elles. Mais ce que j’ai dit est littéralement vrai. J’en ai besoin, je les cherche, et je