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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

lennelles, où vous entrerez dans ce temple élevé à la vraie divinité.

Vous y associerez Désirée, doucement, sans la déranger de son culte, si elle est attachée au catholicisme. Son esprit fera une synthèse sans qu’elle sache ce que c’est qu’une synthèse, et un jour viendra où vous prierez ensemble sur le bord de cette mer où vous ne faites qu’aimer et chanter. Quand vous aurez une foi solide et éclairée à vous deux, vous verrez que l’âme de la plus simple femme vaut celle du plus grand poète, et qu’il n’est point de profondeurs ni de mystères, dans la science divine, pour les cœurs purs et les consciences paisibles.

C’est alors vraiment que vous évangéliserez vos frères les travailleurs, et que vous ferez d’eux d’autres hommes. Aspirez à ce rôle que vous avez commencé par votre intelligence et que vous ne finirez que par une haute vertu. Point de vertu sans certitude ; point de certitude sans examen et sans méditation. Calmez votre jeune sang, et, sans refroidir votre imagination, portez-la vers le ciel, sa patrie ! Les merveilles de la terre qui agitent votre curiosité, les voyages lointains qui tentent votre inquiétude, ne vous apprendront rien de ce qui peut vous grandir. Croyez-moi, moi qui ai voyagé comme cet homme dont le poète a dit :


Le chagrin monte en croupe et galope avec lui.


Bonsoir, mon enfant ; le matin arrive. Je vais me