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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

quérir vite ; car, emporté par sa facilité, s’il n’apprend le dessin bien vite et scrupuleusement, il se gâtera et fera de la drogue toute sa vie.

Cette étude à l’école pratique, au milieu de cinquante carabins dépeçant chacun une pauvre charogne humaine, lui répugne beaucoup. Cependant, il en a pris son parti, et même il est dans un bon train maintenant. Je crains beaucoup pour lui l’entraînement de distraction que cette noce va lui causer. Il doit concourir pour une place aux Beaux-Arts dans quinze jours ; et, s’il n’est pas en mesure, il ne sera pas admis. Je te l’envoie donc en te priant bien sérieusement de faire entendre raison à son père là-dessus. Maurice est dans les deux ou trois années qui vont décider de son avenir, à savoir s’il sera un artiste ou un amateur. Tu me diras qu’il peut vivre sans être un artiste. Mais quelle différence dans la vie d’un homme, de savoir faire en maître ce qu’on a appris, ou de rester écolier ! Il faut que, cette année, maître Maurice épouse dame Peinture pour tout de bon ; nous voilà occupés tous deux de l’établissement de nos enfants, chacun à sa manière. Aide-moi à chapitrer Maurice sur ce point.

Bonsoir, mon vieux ; mille compliments et mille caresses à la bonne petite Léontine. En me disant qu’elle reçoit la récompense de sa simplicité, tu en fais un bel éloge, et qu’elle mérite. Mille et mille tendresses à Émilie. Je t’embrasse. Tous nos amis te félicitent.