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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

à l’heure qu’il est. Il aura reçu mon envoi. J’ai reçu aussi le même jour des nouvelles de Pauline[1], qui devait chanter le Barbier dans quatre ou cinq jours, ayant réussi à s’organiser tant bien que mal une troupe. Elle me paraît enchantée de l’Espagne, de la bonne réception qu’on lui a faite, du beau soleil et du mouvement dont elle avait besoin. Elle partira ensuite pour l’Andalousie et reviendra par Nohant.

Que je suis donc heureuse pour vous de savoir le gros Manoël sur le point de vous revenir : le retrouverai-je à Paris à la fin d’août ? je le voudrais bien. S’il retourne en Espagne auparavant, vous devriez le reconduire jusqu’à Nohant ; de là, il reprendrait la malle-poste de Toulouse ou de Bordeaux à volonté. Promettez-moi d’y songer et d’y tâcher.

Je suis tout émerveillée des gracieusetés du souverain d’Enrico ; mais je défends à ce grand homme réhabilité de se laisser enivrer par la faveur royale : je le prie de rester à son métier et de ne plus songer à ses canons. C’était jadis un homme terrible, vous en avez fait une femme charmante. Il est beaucoup plus joli et plus heureux ainsi.

Qu’est-ce que vous me dites, que Pététin est fâché de n’avoir pas été pris au sérieux par moi ? Je le prends, au contraire, plus au sérieux qu’il ne voudrait. Je le prends pour un bon et excellent jeune homme qui veut faire le vieux chien, qui a la singulière manie de se

  1. Pauline Viardot.