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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

deux philosophes. Vous ne pourrez pas appliquer leur doctrine parce que vous ne savez ni ce que l’un a voulu dire, ni ce que l’autre a voulu faire. Vous croyez, par la guerre au dehors et la force au dedans, donner de la gloire à la France et à votre parti ? Le peuple n’a pas besoin de gloire, il a besoin de bonheur et de vertu. Si cela ne peut s’acheter que par la guerre, il fera la guerre et vous prendra peut-être pour généraux, si vous faites vos preuves d’autre chose que de combattre le très petit combat à la plume ; mais, tout en faisant la guerre, la France voudra des institutions, et ce n’est pas vous qui le ferez, vous en êtes incapables. Votre ignorance, votre inconséquence, votre violence et votre vanité, nous sont hautement manifestées par chaque ligne que vous écrivez, même sur les moindres matières. Qui donc fera ces lois ? un Messie ? nous n’y croyons pas. Des révélateurs ? nous ne les avons pas vus apparaître. Nous ? nous ne lisons pas dans l’avenir et ne savons pas quelle forme matérielle devra prendre la pensée humaine à un moment donné. Qui donc fera ces lois ? Nous tous, le peuple d’abord, vous et nous, par-dessus le marché. Le moment inspirera les masses.

Oui, disons-nous encore, les masses seront inspirées ! Mais à quelle condition ? à la condition d’être éclairées. Éclairées sur quoi ? sur tout, sur la vérité, sur la justice, sur l’idée religieuse, sur l’égalité, la liberté et la fraternité, sur les droits et sur les devoirs, en un mot.

Ici, entamez la discussion, si vous voulez ; nous vous