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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

ou seulement une centaine de gens comme vous, et nous régénérons le monde. Mais, comme, jusqu’ici, on ne nous a guère fait le plaisir de nous dire que nous insistions trop sur des vérités reconnues ; comme nous entendons, au contraire, ces paroles partir de tous côtés : « Nous savons bien que Jésus, Rousseau et compagnie ont prêché la charité et la fraternité ; nous avons entendu parler de cela, et ne savons pourquoi vous revenez sur ces choses dont personne ne veut et dont nous ne voulons pas ! » comme ce ne sont pas seulement les nobles, les prêtres et les bourgeois qui nous tiennent ce langage, mais encore certains républicains, et le National en tête, nous avons lieu de penser que nous ne faisons pas une œuvre si étroite qu’elle en a l’air, ni si facile qu’elle te semble, ni si inutile que le National fait semblant de le croire. Certaines autres classes n’en jugent pas ainsi et ne s’aperçoivent pas trop que cette vieille fraternité que nous prêchons et cette jeune égalité que nous cherchons à rendre possible, le plus prochainement possible, soient des vérités banales, acceptées, triomphantes, et dont il soit inutile de se préoccuper. Ces classes, mécontentes et inquiètes, croient, au contraire, que nos vérités rebattues n’ont jamais préoccupé les gens qui n’y trouvaient pas leur profit ; et les institutions faites pour la bourgeoisie le prouvent, je crois, un peu.

Si donc, convaincu comme tu l’es, que les masses sont toutes initiées au pourquoi, au parce que et au