Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

filon par filon, du fond de la mine obscure, par les hommes les plus intelligents et les meilleurs dans tous les siècles. Tu traites un peu cavalièrement l’œuvre de Moïse, de Jésus-Christ, de Platon, d’Aristote, de Zoroastre, de Pythagore, de Bossuet, de Montesquieu, de Luther, de Voltaire, de Pascal, de Jean-Jacques Rousseau, etc., etc., etc. ! Tu sabres à travers tout cela, peu habitué que tu es aux formules philosophiques. Tu trouves dans ton bon cœur et dans ton âme généreuse des fibres qui répondent à toutes ces formules et tu t’étonnes beaucoup qu’il faille prendre la peine de lire dans un langage assez profond la doctrine qui légitime, explique, consacre, sanctifie et résume tout ce que tu as en toi de bonté et de vérité acquise et naturelle. L’œuvre de la philosophie n’a pourtant jamais été et ne sera jamais autre chose que le résumé le plus pur et le plus élevé de ce qu’il y a de bonté, de vérité et de force répandu dans les hommes à l’époque où chaque philosophe l’examine. Qu’une idée de progrès, qu’une supériorité d’aperçus et une puissance d’amour et de foi dominent cette œuvre d’examen (et comme qui dirait de statistique morale et intellectuelle), des richesses acquises précédemment et contemporainement par les hommes, et voilà une philosophie. Les brouillons du journalisme qui attendent apparemment qu’on les amuse avec des prophéties d’almanach, s’écrient : « Vous ne nous dites rien de neuf. » Les braves gens comme toi, disent : « Nous sommes aussi instruits que vous ! » Tant mieux ! alors donnez-nous un millier