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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Vous seriez venue me voir, chère bonne, je me le dis avec reconnaissance ; mais j’aime mieux aller vous voir, parce que ce sera pour plus longtemps. Et puis nous sommes voisines maintenant, et, si vous voulez n’être pas trop mondaine, j’irai bien souvent jaser et fumer avec vous. Au reste, si je vous prie d’être bien sage et bien retirée, ce n’est pas tant pour moi (qui aime mieux vous voir dans le tourbillon que de ne pas vous voir du tout) qu’à cause de vous et de votre santé, que l’air, la campagne et l’absence de tracasseries ont rétablie, comme je m’y attendais bien. Cette vie de Paris nous tend les nerfs et nous tue à la longue. Ah ! que je le hais, ce centre des lumières ! je n’y mettrais jamais les pieds, si les gens que j’aime voulaient prendre la même résolution.

N’attendez pas Horace dans la Revue : Buloz exigeait des corrections que je n’ai pas voulu faire et je l’ai envoyé paître.

Qu’est-ce que cette réaction en Espagne ? est-ce un puff politique ? est-ce une affaire qui peut entraîner ce malheureux pays dans de nouveaux désastres ? Ô familles royales ! quel exemple de vertus domestiques vous savez donner ! c’est chez vous seules qu’on voit le frère s’armer contre le frère et la mère contre la fille ! Jusques à quand ces champignons vénéneux couronnés épuiseront-ils, à leur profit, tous les sucs de l’humanité !

Mais je vous écris cela pendant que vous êtes dans le sein de votre famille, catholique et royaliste, je