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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

frances que vous endurez dans la prison. Si je l’ose, c’est parce que je connais votre inaltérable sérénité, ce fond de gaieté que vous avez, et qui est à mes yeux la plus admirable preuve de votre bonté et de votre candeur.

Vous avez voulu subir ce martyre : c’est bien de la bonté que vous avez pour une génération si légère et si froide. Tout en vous admirant, je ne puis vous approuver d’exposer votre santé et votre vie pour toute cette race qui ne vous vaut pas. Enfin, Dieu ne se fera pas le complice de vos bourreaux, et, malgré vous, il vous rendra à nos vœux, à notre dévouement et à notre respectueuse amitié.

GEORGE SAND.


CCVI

À M. AUGUSTE MARTINEAU-DESCHENEZ, À ALGER


Nohant, 16 juillet 1841.


Non, mon cher enfant, je ne t’oublie pas, et je ne t’ai pas ôté mon amitié. Mais je n’écris plus à personne ; ce que je dis non pour me justifier, mais pour que tu ne te croies pas plus maltraité que mes autres vieux amis. Je suis coupable envers vous tous, et mon horreur pour les lettres est aussi grande que mon dégoût des belles-lettres. J’aime pourtant à en recevoir des gens que j’aime, belles ou non. Mais je