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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

je le veux. À Nohant, entre nous soit dit, tu sais qu’avant que je sois levée, il y a souvent douze personnes installées à la maison. Que puis-je faire ? Me poser en économe, on m’accusera de crasse ; laisser les choses aller, je n’y puis suffire. Vois si tu trouves à cela un remède.

À Paris, il y a une indépendance admirable, on invite qui l’on veut, et, quand on ne veut pas recevoir, on fait dire par son portier qu’on est sorti. Pourtant je déteste Paris sous tous les autres rapports, j’y engraisse de corps et j’y maigris d’esprit. Toi qui sais comme j’y vis tranquille et retirée, je ne comprends pas que tu me dises, comme tous nos provinciaux, que j’y suis pour la gloire. Je n’ai point de gloire, je n’en ai jamais cherché, et je m’en soucie comme d’une cigarette. Je voudrais humer l’air et vivre en repos. J’y parviens, mais tu vois et tu sais à quelles conditions.

M. Dudevant écrit à son fils :

« J’ai une bonne nouvelle à t’apprendre. Madame de Boismartin[1] est morte. »

Après quoi, il lui annonce que la pauvre vieille a légué à Solange une belle montre en or avec une chaîne pareille. — « Mais Solange est trop jeune, ajoute-t-il, pour avoir un bijou semblable et je le garde jusqu’à ce qu’elle soit grande. Quant à toi, continue-t-il, tu as hérité de vingt napoléons pour

  1. Dame de compagnie de feu la baronne Dudevant.