Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 2.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
158
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

révolution. Il n’y a rien eu, sinon quelques passants assommés par les sergents de ville.

Il y avait des endroits de Paris où il était dangereux de circuler, ces messieurs assassinant à droite et à gauche pour le plaisir de se refaire la main. Chopin, qui ne veut rien croire, a fini par en avoir la preuve et la certitude.

Madame Marliani est de retour. J’ai dîné chez elle avant-hier avec l’abbé de Lamennais. Hier, Leroux a dîné ici. Chopin t’embrasse mille fois. Il est toujours qui qui qui mè mè mè ; Rollinat fume comme un bateau à vapeur. Solange a été sage pendant deux ou trois jours ; mais, hier, elle a eu un accès de fureur. Ce sont les Reboul, des voisins anglais, gens et chiens, qui l’hébètent. Je les vois partir avec joie. Mais je crois bien que je serai forcée de la mettre en pension si elle ne veut pas travailler. Elle me ruine en maîtres qui ne servent à rien.

Bonjour, mon enfant ; écris-moi bien souvent. Je ne suis pas habituée à me passer de toi, j’ai besoin de recevoir de tes nouvelles. Nous t’embrassons tous ; moi, je te presse mille fois contre mon cœur.

Je suis contente de mes nouveaux domestiques, surtout du garçon, qui est un excellent sujet. Mais j’ai tant de guignon, que je vais le perdre : il est conscrit et on l’appelle à son poste.