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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

quitte avec regret ; mais j’ai besoin de retrouver une vie plus assise.

Je n’aime plus les voyages ou plutôt je ne suis plus dans les conditions où je pouvais les aimer. Je ne suis plus garçon ; une famille est singulièrement peu conciliable avec les déplacements fréquents.

Je vous écrirai dès mon arrivée à Nohant ; faites, ma chérie, que j’y trouve une lettre de vous.


CXCV

À LA MÊME


Nohant, 3 juin 1839.


Oui, chère amie, je suis chez moi, bien enchantée de pouvoir enfin me reposer, une bonne fois, de cette vie de paquets et d’auberges que je traîne depuis six mois sur les chemins et sur les mers. Nous sommes arrivés sains et saufs, et Maurice a fait la stupéfaction du Berry par la métamorphose qui s’est opérée en lui. C’est presque un jeune homme à présent, et je crois que le voilà entré à pleines voiles dans la vie. Ces pauvres enfants sont si heureux d’être à la campagne, que cela fait plaisir à voir.

Que me dites-vous donc, chère amie, d’efforts à tenter, et d’étendard à lever ? Mon Dieu, j’ai la conviction que ni les hommes ni les femmes n’ont la maturité