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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Bonsoir, chère amie ; j’espère que cette lettre se croisera avec une de vous. Je pense que vous aurez reçu Gabriel. Je compte sur l’argent que j’ai demandé à Buloz pour quitter Marseille. Tout y est plus cher qu’à Paris, et mon voyage très lent et très précautionneux me coûtera gros, comme on dit.

Adieu, ma chérie ; je vous embrasse tendrement.


CXCIV

À LA MÊME


Marseille, 20 mai 1839.


Mon amie,

Nous arrivons de Gênes, par une tempête affreuse. Le mauvais temps nous a tenus en mer le double du temps ordinaire ; quarante heures d’un roulis tel que je n’en avais vu depuis longtemps. C’était un beau spectacle, et, si tout mon monde n’eût été malade, j’y aurais pris un grand plaisir.

Gênes n’a rien perdu à mes yeux de ce qu’elle était dans mes souvenirs : magnifiques peintures, nature admirable, palais et jardins échafaudés les uns sur les autres, avec ce caractère tout particulier qui lui est propre.

Pendant que nous essuyions cet orage, vous étiez, vous autres tous, préoccupés d’orages bien plus sérieux