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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

n’arrivent pas toujours. Il est vrai qu’on peut s’aimer sans s’écrire. Mais, avec vous, chère amie, c’est toujours un plaisir pour moi ; vous êtes tellement moi-même, que je pourrais peut-être oublier de vous écrire, m’imaginant que vous m’entendez et me comprenez sans que je m’explique ; mais jamais ce ne sera un travail pour moi ; car nous nous connaissons si bien, qu’un mot nous suffit pour nous entendre. Ainsi je vous dis : Rien de neuf. Et vous vous reportez à mon ancienne lettre, vous me voyez à ma chartreuse de Valdemosa, toujours sédentaire et occupée le jour à mes enfants, la nuit à mon travail. Au milieu de tout cela, le ramage de Chopin, qui va son joli train et que les murs de la cellule sont bien étonnés d’entendre.

Le seul événement remarquable depuis cette dernière lettre, c’est l’arrivée du piano tant attendu ! Après quinze jours de démarches et d’attente, nous avons pu le retirer de la douane moyennant trois cent francs de droits. Joli pays ! Enfin il a débarqué sans accident, et les voûtes de la chartreuse s’en réjouissent. Et tout cela n’est pas profané par l’admiration des sots : nous ne voyons pas un chat.

Notre retraite dans la montagne, à trois lieues de la ville, nous a délivrés de la politesse des oisifs.

Pourtant nous avons eu une visite, et une visite de Paris ! c’est M. Dembowski, Italiano-Polonais que Chopin connaît et qui se dit cousin de Marliani, à je ne sais quel degré. C’est un voyageur modèle, cou-